de Mozart.
Création : octobre 2002.
Opéra Royal de Wallonie.
Que valent nos engagements, nos certitudes, nos convictions, nos serments, nos croyances face à l’émergence subite du désir, à l’impulsivité passionnée de l’émoi, à la part d’animalité sous-jacente à notre état policé d’être humain, au plaisir narcissique d’être l’objet d’une convoitise ?
Ne serait-ce point là cette question qui règne au centre de Cosi fan tutte ?
Séduire et être séduit au détriment de fidélités antérieures à la rencontre imprévue, ce double mouvement n’appartient pas exclusivement à ce qu’on a appelé l’inconstance féminine et je ne lis point l’œuvre de Da Ponte-Mozart comme particulièrement misogyne …
J’aurais même plutôt tendance à excuser le trouble de Fiordiligi et de Dorabella. Le piège grossier, la comédie vulgaire, la chausse-trappe troupière ne sont pas de leur ressort, et Guglielmo et Ferrando auraient dû se souvenir que, quand on joue aux apprentis-sorciers, le feu survient et qu’on ne sait jamais trop alors comment on peut l’éteindre…
Deux hommes entament à l’insu de leurs aimées une partie de poker avec un tiers : les voilà tartarins, cocus, dindons ? Tant pis pour eux… Seuls les naïfs ignorent que les dés sont pipés ! Et puis ne les dédouanons pas de leur sottise : ils seront eux-mêmes l’instrument du cocuage de l’autre. Alors quoi ? Cosi fan tutti plutôt que Cosi fan tutte.
Philippe SIREUIL (07.10.2002)
Opéra de Rouen – 2006
Interprétation : Patricia Fernandez (Dorabella), Ghislaine Girard (Fiordiligi), Boris Grappe (Guglielmo), Eric Martin-Bonnet (Don Alfonso), James Oxley (Ferrando), Virginie Pochon (Despina) / Direction musicale : Oswald Sallaberger
Poste occupé : Assistant à la création lumière.